La minorité des minorité
Vous n’entendrez jamais de politiques ou de spécialistes des questions sociales qui ne s’abritent derrière l’argument de la minorité pour expliquer les comportements anti-sociaux des « jeunes » de banlieue, l’objectif étant de rassurer face à la montée des violences urbaines que rien ne semble pouvoir endiguer. Les « racailles » dans « les quartiers » ne sont pour les consciences progressistes qu’une « minorité », voire « une infime minorité » comme l’a plusieurs fois expliqué le Chef de l’Etat lui-même, avec un certain conformisme et une vraie langue de bois. Pourtant cette « preuve par la minorité » ne démontre rien et n’explique rien. Car s’ils ne sont effectivement que quelques dizaines à monter « au front » casser du flic et à prendre quelques risques, il sont en revanche des centaines de milliers, voire des millions à les défendre et à justifier leur violente dissidence. Interrogeons-nous sur le mimétisme « socio-culturel » qui se développe autour de ces racailles, ne permet-il pas de prendre la mesure de la complaisance et de la solidarité d'une grande partie de la population ? Chacun peut le vérifier au collège et au lycée, la jeunesse est aujourd'hui très largement sensible à la « racaille-attitude », y compris une partie croissante de la jeunesse de souche. Les marques et les produits dérivés se multiplient. Jack Lang y voit l'émergence d'une nouvelle culture... Mais nous, notre intelligence, c'est de prendre la juste dimension du phénomène. Les racailles sont le « bras armé » de toute une jeunesse immigrée, principalement africaine et maghrébine, qui revendique sa différence et fait un rejet de toute forme d'assimilation. Ils sont le bras armé de cette jeunesse comme le sont aussi par exemple les éléments les plus violents des groupes de supporters dans les stades : Il ne sont que quelques dizaines à oser en découdre mais ils sont des milliers à s'en réclamer et à les défendre ensuite.
On nous rebat aussi souvent les oreilles sur le prétendu désarroi des familles de ces quartiers qui seraient les premières victimes de cette violence. Ces lamentations sont une vue de l’esprit. Quand on cherche à approfondir un peu la question avec les personnes concernées dans les territoires, on s’aperçoit assez vite que la sympathie des populations pour ceux qui sèment la terreur est bien réelle. Pour les parents qui n’ont aujourd’hui que la quarantaine et dont certains ont été des précurseurs en matière de délinquance il y a une vingtaine d’années, notre pays reste responsable de tous leurs problèmes. Si leurs mômes passent des journées à zoner au pieds des immeubles ou dans les allées des centres-commerciaux, c’est que la France ne leur propose rien d’autre de mieux à faire. La décharge de responsabilités de ces parents-là est totale. On est loin des vieilles lunes de la prétendue autorité du père censée jouer encore un rôle bénéfique à l’intégration des enfants. Tout ça, c’est du pipeau pour les discours d'assistantes sociales ! Cette autorité n’est en rien un gage d’intégration. Certains gamins au comportement parfaitement exemplaire en famille n’en sont pas moins des racailles notoires, une fois franchi le hall de l’immeuble.
Et puis notre souci, ce n'est pas de de savoir si tout se passe pour le mieux chez eux en famille autour de la table à l'heure du dîner, mais de savoir comment tout pourrait éventuellement se passer moins mal ailleurs, c'est à dire chez nous, toute la journée.