Le patriotisme à l’UDF : Une physique quantique indéchiffrable ?

Publié le par Chouan

 

Je prends un plaisir certain à naviguer sur les blogs de jeunes et braves militants de l’UDF ou de l’UMP. C’est très instructif, on peut y lire des choses étonnantes. Cela me permet de comprendre les ressorts psychologiques qui sont à l’origine de leurs engagements pour le moins contestables et surprenants quand on sait que les mouvements en question ont participé à tour de rôle aux différents gouvernements qui se sont succédés depuis 20 ans.

Danyl, militant UDF, qui est l’un de mes favoris, pour des raisons qui tiennent davantage au hasard de mes connections qu’à la qualité de son blog, s’interrogeait récemment sur « son patriotisme » et son engagement européen. Danyl a le sentiment d’être isolé (à l’UDF ?) lorsque se manifeste en lui quelques relents patriotes. Ses souffrances (il aurait « mal à la France ») le font s’interroger sur la vraie nature du patriotisme et sur sa compatibilité avec son militantisme pro-européen.

Je profite de la réponse un peu rapide que je lui ai adressée pour la publier sur ce blog, parce qu’elle me semble finalement assez bien illustrer le fossé qui s’est creusé entre nos idées nationales et leurs opinions vaguement patriotes et fondamentalement mondialistes.

 

Danyl écrit (« in texto ») : (En rouge, les propos ronronnants et politiquement corrects)

Le patriotisme est-il extrêmisme?

Être patriote, est-ce être extrêmiste? A en entendre certains, je me suis souvent posé la question...

Le patriotisme, c'est en réalité, l'amour de son pays, de son histoire, de ses symboles, de son peuple... mais un amour raisonné, mesuré. Je n'ai aucune honte à le dire, oui la colère m'envahit, la rage me gagne quand j'entends siffler notre hymne national, quand je vois des manifestants bruler notre drapeau, où s'en servir à des fins polémiques, comprenne qui voudra... 

 

 

 

 Je suis patriote, parce que j'aime la France, parce que je suis toujours impressionné lorsque les Tricolores (ndlr : ??) flottent à quelques mètres au-dessus de moi, parce que je vibre au son de la Marseillaise, certains riront de moi mais je fais de cela une fierté.

Je considère que l'on peut aimer son pays sans pour autant verser dans le camp de ceux qui, par leur comportement soit-disant patriote, le deshonorent au plus haut niveau.

Aimer son pays, c'est aussi en aimer sa philosophie. La France est une République, qui puise ses fondements dans les prestigieux écrits des philosophes du XVIIIème siècle. Nous sommes une Nation d'Histoire, qui s'est construite au fil des siècles, surmontant toutes les épreuves qu'elle a rencontrées, sans toujours en triompher réellement.

Nous sommes tous les maillons d'une chaîne de Liberté, d'Egalité et de Fraternité, dont j'ai parfois l'impression qu'elle risque de céder sous le poids des individualismes, des communautarismes, et des polémiques stériles qui rongent chaque jour un peu plus notre socle républicain.

Si le patriotisme c'est l'amour de son pays et le respect de ses valeurs et des ceux qui le composent, est-on patriote lorsque l'on voit les individus comme autant de sujets particuliers, et non comme les composantes différentes mais complémentaires de cette chaîne à laquelle je faisais référence?

Le patriotisme est-il conciliable avec l'idée européenne? Je rêve d'une Europe politiquement et économiquement forte, qui pèse réellement sur le destin mondial, mais est-ce possible quand, dans le même temps, je conçois la France comme une locomotive politique internationale?

L'amour du Tricolore est-il possible quand on voudrait imposer, à son côté, le drapeau étoilé aux frontons de nos bâtiments administratifs?

A toutes ces questions, j'aimerais que vous m'aidiez à trouver une réponse car j'ai l'impression qu'aimer son pays est devenu , sinon une tare, au moins le reflet de valeurs désuettes.

J'ai mal à ma France.

Je lui réponds :

 

 

 

 Mon cher Danyl,

Tu as "mal à ta France" ? Je me demande bien pourquoi... ?

Nous sommes gouvernés depuis 40 ans par des gens qui correspondent absolument à la définition que tu donnes du "bon patriote" par opposition au mauvais "nationaliste" qui incarnerait l'outrance, les excès, la haine de l'autre, et patati... et patata....

Si bien que je m'étonne qu'après ces décennies de bons et loyaux services rendus par de bons patriotes, tu puisses avoir encore mal à ta France. C'est un constat d'échec. Il y a là une incohérence de taille entre tes propos convenus relevant du lieu commun sur le patriotisme et ce sentiment douloureux que tu affirmes ressentir.

Je voudrais si tu me le permets te rappeler que le vrai patriotisme ne se réduit pas à l'attachement d'un certain nombre de symboles, comme la Marseillaise, le drapeau, ou la joie ressentie à l'annonce de bons résultats sportifs.

En raison de la définition première du mot patrie ( du latin "patria" qui signifie la terre des pères, des ancêtres, des générations précédentes), le patriotisme est avant toute chose un sentiment naturel, instinctif et "primitif" qui s'accomode difficilement des approches "idéologiques" que certains ont toujours tendance à mettre en avant. Ce piège très contemporain de cette approche idéologique, tu en es bien évidemment victime, pour des raisons qui sont dues davantage à ton appartenance à cette génération malheureuse qui a beaucoup souffert de l'Education Nationale plutôt qu'à un défaut de réflexion de ta part.

Tu fais donc faire cette erreur de considérer ta patrie au regard des "valeurs" politiques ou philosophiques qu'elle serait supposée incarner.
Or cela n'a pas de sens. Si la France est ta patrie, elle l'est et doit le rester quel qu'en soit son régime politique passé, présent ou futur.

Soljénitsyne n'est-il pas resté patriote malgré le régime totalitaire soviétique qui a eu raison de sa patrie pendant plus de 70 ans ?

La définition que je donne de la patrie correspond davantage à ce déterminisme qui s'impose à chacun et qui fait que dans l'immense majorité des cas, on ne choisit pas sa patrie en fonction des humeurs politiques, idéologiques ou philosophiques du moment. Inutile donc de multiplier les références politiques plus ou moins légitimes comme tu peux le faire, ces "Liberté-Egalité-Fraternité" ou ces références aux philosophes du XVIII ème avec lesquelles tu essaies de légitimer ta patrie, comme s'il t'était nécessaire de le faire... !
Ta patrie, c'est d'abord et avant tout la terre de tes parents, de tes ancêtres. C'est ensuite aussi celle où tu es né. Si l'une de ces conditions n'est pas réunie, ce qui est de plus en plus fréquent, compte tenu de l'immigration que nous connaissons, les choses se compliquent un peu. Mais ce n'est pas le sujet. Je ne vais pas changer la définition véritable du mot patriotisme sous prétexte que ce sentiment est de plus en plus rare depuis quelques années..., immigration oblige.

Le sentiment patriotique est aussi ce sentiment plus ou moins partagé par les individus, en fonction de leur tempérament, de leur histoire, de leur parcours. Car comme pour le sens de la famille, nous ne sommes pas tous "égaux" vis à vis du sentiment patriotique. Certains le développent plus que d'autres. Certains ne le partagent pas du tout. Nous avons tous une patrie, mais nous n'avons pas tous le tempérament, l'envie, la force, le goût ou les raisons de veiller à sa préservation, d'en organiser sa défense ou d'en capter son héritage.

Il est bien évident que l'immigration massive n'est pas sans conséquence sur le patriotisme français, qui devient difficile, voire impossible pour une partie de plus en plus grande de sa nouvelle population mais qui le renforce de manière inversement proportionnelle pour une autre.

Le nationalisme est un terme plus politique. Le nationalisme est la traduction politique de cette propension que nous avons tous plus ou moins à développer ce sentiment patriotique. Si l'on peut être patriote sans être nationaliste, on ne peut pas être nationaliste sans être patriote.
Le nationalisme fédère, organise et traduit en actes politiques le sentiment patriotique. Point n'est besoin d'être haineux, extrêmiste ou mal intentionné pour être nationaliste. Ca, c'est la définition qu'en donne ses adversaires politiques, associant les idées nationales à des phénomènes politiques et historiques relevant davantage des idées impériales ou totalitaires que du nationalisme. Car si l'on associe le nationalisme aux totalitarismes national-socialiste et soviétique du XXième siècle comme le fait Titem (un blogeur), on doit considérer que les nationalistes corses, bretons, basques, flamands, irlandais ou sud-américains sont tous des nazis en puissance... Cela n'a pas de sens.

Voilà ce que je voulais démontrer. Il faut essayer de sortir un peu des sentiers battus par le politiquement correct si tu veux approfondir ta réflexion sur le patriotisme.
Tu es patriote ? Soit, je te l'accorde. Si ce sentiment ne reste que furtif, épisodique, s'il ne ne se manifeste qu'au son de la Marseillaise ou à la vue d'un drapeau tricolore, je comprends que tu en relativises son importance dans ton combat politique, ce qui justifie ton engagement dans un mouvement paneuropéen comme l'UDF.
En revanche, si ce sentiment est chez toi omniprésent, un peu comme ces sentiments qui te poussent à te soucier des tiens chaque jour, à organiser ta vie pour eux et autour d'eux, alors tu ne pourras qu'évoluer politiquement et rejoindre les mouvements dont la première des priorités est de défendre et de veiller aux intérêts de la patrie, de la nation qui en est son cerveau politique et des nationaux qui en sont la chaire bien vivante.

Les différents échanges qui suivront :

http://mavitresurlemonde.hautetfort.com/archive/2006/02/14/le-patriotisme-est-il-extremisme.html#c678796

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans PAUVRE DROITE

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